Lettre ouverte aux candidat·es aux élections européennes

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Le temps du droit à l’emploi en Europe est venu !

Touchant plus de 5 millions de personnes, le chômage de longue durée reste un défi majeur dans de nombreux États membres de l’Union européenne. Cette situation a des conséquences graves tant au niveau individuel que collectif, menaçant la cohésion sociale. Le chômage de longue durée est un fléau pour la société, entraînant la perte de main-d’œuvre, de compétences, de développement économique et de contributions sociales. 

Plusieurs initiatives innovantes ont émergé ces dernières années en Europe, au niveau local comme au niveau national, pour remédier au chômage de longue durée. Elles reposent sur le droit à l’emploi et l’idée que chaque personne a des compétences qui peuvent être mises à profit. Que ce soit en France, en Autriche, en Belgique ou aux Pays-Bas, nous avons décidé d’agir au niveau local et de créer des emplois avec et pour les chômeurs de longue durée. Nos initiatives sont appelées Territoires zéro chômeur de longue durée, Job Guarantee, Basisbaan, etc. Si elles sont toutes différentes, reflétant les spécificités de nos États membres et de nos territoires, elles mettent en œuvre des principes et des convictions partagés :

  • Nul n’est inemployable lorsque les emplois sont adaptés aux compétences des personnes.
  • Il faut placer les personnes au centre. C’est le marché du travail qui est éloigné d’elles et non l’inverse. Chaque personne a des compétences et un savoir-faire qui peuvent être mis à profit. 
  • La participation aux initiatives de lutte contre le chômage de longue durée est volontaire et non obligatoire. 
  • Les initiatives de lutte contre la privation durable d’emploi visent à offrir une solution à chaque chômeur de longue durée et à les impliquer en tant que participants actifs et décisionnaires dans ce projet.
  • L’emploi doit être accessible et adapté aux capacités et compétences des personnes.
  • Ce n’est pas le travail qui manque mais les emplois. Une grande variété d’activités utiles reste à créer.
  • Des activités d’utilité générale : les activités développées par nos initiatives ont une réelle valeur ajoutée pour nos territoires en touchant aux secteurs sociaux et environnementaux. Ces activités peuvent être le support d’emplois supplémentaires et ne sont pas en concurrence avec les activités déjà existantes sur le territoire.
  • Un emploi de qualité : les emplois créés sont de qualité. Cela inclut, entre autres, un contrat de travail de droit commun, des conditions de travail sûres, un emploi stable, une formation, un perfectionnement professionnel ainsi que la garantie de l’intégralité des droits des travailleurs, a minima au salaire minimum de chaque Etat membre.
  • Ce n’est pas l’argent qui manque. La création d’emplois supplémentaires ne coûte pas plus cher que les coûts de la privation d’emploi.
  • L’ensemble des dépenses publiques liées au chômage de longue durée, directs et indirects, sont réorientées pour créer des emplois supplémentaires. 
  • Pour être vraiment efficaces, les mesures de lutte contre le chômage de longue durée sont initiées au niveau local. Elles suivent le principe de l’exhaustivité par le biais de la coopération territoriale en impliquant de manière proactive toutes les autorités publiques et parties prenantes concernées ainsi que les chômeurs de longue durée eux-mêmes. L’exhaustivité réside dans la volonté collective et la capacité des acteurs locaux à mobiliser tous les moyens respectifs pour atteindre chaque chômeur de longue durée dans le territoire concerné et offrir un emploi.
  • Nous menons une approche participative et inclusive, adaptée aux réalités locales sur le terrain ainsi qu’aux situations individuelles des personnes impliquées dans nos projets.

Nous nous engageons à poursuivre notre lutte contre le chômage de longue durée mais nous en appelons collectivement à un engagement audacieux supplémentaire de l’Union européenne. Alors que les initiatives visant à mettre fin au chômage de longue durée doivent être gérées localement, nous sommes convaincus que l’Union européenne peut être un acteur majeur en faveur du développement de ces dynamiques. 

Nous, acteurs et actrices luttant contre le chômage de longue durée, unis pour promouvoir le droit à l’emploi territorialisé en Europe, interpellons publiquement par cette lettre ouverte l’ensemble des candidat·es aux élections européennes afin qu’ils·elles s’engagent s’ils·elles sont élu·es au Parlement européen le 9 juin 2024 : 

  • à agir au Parlement européen pour favoriser le droit à l’emploi en Europe
  • à agir au Parlement européen pour que l’Union européenne s’engage politiquement et financièrement aux côtés des acteurs du droit à l’emploi 
  • à mobiliser les institutions européennes compétentes afin qu’elles participent au financement des initiatives locales contre le chômage de longue durée. Un soutien financier de l’Union européenne pourrait contribuer à financer les coûts opérationnels des comités locaux pour l’emploi et faciliterait le développement de nouvelles initiatives dans tous les États membres de l’UE. 
  • plus précisément, conformément à l’avis d’initiative « Zéro chômage de longue durée : la perspective locale et régionale » du Comité européen des régions, inviter la Commission à créer un fonds ad hoc, doté de 750 millions d’euros sur cinq années.

Le chômage de longue durée n’est pas une fatalité. Nous sommes déterminés à le combattre, pour le bien de nos sociétés. Le temps du droit à l’emploi en Europe est venu !

Signataires :

  • Laurent Grandguillaume, président de l’association Territoires zéro chômeur de longue durée (France)
  • Kimmo Kumlander, Silta-Valmennusyhdistys (PDG) et Centre finlandais d’expertise pour l’entreprise sociale (Finlande)
  • Kathleen De Smedt et Julien Charles, Plateforme nationale TZCLD, Yonnec Polet, Premier Echevin de Berchem-Sainte-Agathe (Belgique)
  • Andrea Ciarini, Territori a Disoccupazione Zero Rome (Italie) et Marianella Sclavi, co-fondatrice du Mouvement européen d’action non-violente
  • Cansel Kiziltepe, Sénatrice Travail, services sociaux, égalité des genres, intégration, de la diversité et lutte contre la discrimination de l’État de Berlin, projet « Solidary Basic Income SBI » (Allemagne)
  • Mag. Sven Hergovich, membre du gouvernement de Basse-Autriche, président du parti social-démocrate de Basse-Autriche, fondateur de Magma, projet de Marienthal (Autriche)
  • Carine Bloemhoff, échevine de l’emploi et de la participation de la commune de Groningen – initiatrice de “Basisbaan”, Louis Polstra, professeur de participation au travail de l’Université des sciences appliquées de Hanze et Kees Mosselman, chercheur principal de l’Université des sciences appliquées de Hanze pour le projet “Basic Jobs – Basisbaan” à Groningen (Pays-Bas)
  • Dr Mateusz Piotrowski, Président de l’association “Europe a Patient” (Pologne)
  • Rania Antonopoulos, ancienne ministre suppléante du Travail en charge de la lutte contre le chômage entre 2015-2018 (Grèce)

Depuis 2016, Territoires zéro chômeur de longue durée fait la démonstration qu’en partant des personnes et des territoires, nous pouvons collectivement mettre fin à la privation durable d’emploi. Avec la mobilisation des acteurs locaux autour d’un projet de territoire et la création de plus de 70 entreprises à but d’emploi dans 68 territoires habilités, les deux lois d’expérimentation ont permis l’embauche de près de 4 000 personnes qui étaient privées d’emploi depuis plus de quatre ans en moyenne. 
Parce qu’au-delà de la seule question de l’accès à un emploi durable et de qualité, la suppression de la privation d’emploi sur les territoires porte en elle un véritable projet de société de nature à répondre aux défis sociaux, démocratique et écologique, nous sommes également mobilisés pour porter cette ambition de faire réellement de l’emploi un droit à l’échelle européenne.

C’est pourquoi nous avons rédigé cette lettre ouverte des acteurs et actrices du droit à l’emploi provenant de huit États membres de l’Union européenne – dont Territoires zéro chômeur de longue durée en France, appelant les futur·es député·es européen·nes à s’engager à agir en faveur du droit à l’emploi en Europe.

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