« Le travail commence en 2021 ! »
Laurent Grandguillaume, président de Territoires zéro chômeur de longue durée, fait le point sur l’année écoulée, qui a vu le vote de la 2e loi, et détaille les enjeux et les perspectives pour l’année qui s’ouvre.
2020 s’est achevée avec le vote à l’unanimité de la 2e loi d’expérimentation, quel bilan tirez-vous de l’année 2020 pour le projet TZCLD ?
Dans la crise sanitaire qui a éclaté en 2020, les comités locaux pour l’emploi (CLE) et les entreprises à but d’emploi (EBE) ont démontré qu’ils sont les bras solidaires des territoires. Les activités existantes se sont, pour la plupart, poursuivies et de nouvelles ont été créées pour répondre aux besoins qui se faisaient jour dans ce contexte singulier. C’est aussi vrai sur les projets émergents pour lesquels l’avancement dans le projet TZCLD avait permis de mobiliser les acteurs et personnes privées durablement d’emploi et d’identifier les personnes isolées.
2020 a aussi été une année de mobilisation en faveur de la 2e loi. Le vote à l’unanimité de ce texte est une victoire politique citoyenne, nous pouvons nous en féliciter ! C’est la conjonction de l’ensemble des mobilisations qui a permis ce succès. Notre collectif a une puissance de feu qui a été fondamentale pour porter cette utopie réaliste qu’est la mise en œuvre du droit à l’emploi pour tous. Le contenu de ce texte est essentiellement conforme à nos demandes, hormis sur le financement d’une partie des CLE, qui n’est pas prévu au budget, et sur les évaluations, qui ne prennent pas en compte les éléments qualitatifs du projet.
2021 sera le début de la 2e étape du projet, quels sont les enjeux majeurs pour le projet sur cette année ?
La publication d’un décret d’application de la loi conforme à l’esprit de cette dernière doit se faire le plus rapidement possible, de même que pour le cahier des charges. Cela permettra aux nouveaux territoires de se lancer dans l’expérimentation le plus tôt possible au 2e semestre 2021. Nous devons toutes et tous rester mobilisés pour ne pas laisser filer le temps, d’autant plus avec la crise qui s’intensifie.
Il est fondamental également d’amplifier l’accompagnement des projets émergents afin qu’ils soient prêts à se présenter pour l’habilitation dans les trois ans. TZCLD est en cela un espace de coopération, un appui à la préparation bénéficiant des enseignements tirés des premiers territoires.
2021 sera aussi l’année du développement d’un important travail de recherche visant à prendre en compte les impacts qualitatifs et les récits des personnes concernées, pour pallier le manque institutionnel en la matière. Nous avons été frappés de voir qu’en Belgique, une étude du département d’économie appliquée de l’Université libre de Bruxelles publiée à l’automne 2020, évaluait à 40 000 € par an et par personne le coût de la privation d’emploi, en prenant en compte les coûts directs et indirects et des éléments à la fois quantitatifs et qualitatifs. Cela alors même qu’il n’y a pas d’expérimentation TZCLD effective sur le territoire. Nous allons donc nous appuyer sur des chercheurs et des partenaires nationaux et internationaux ainsi que sur les personnes concernées par l’expérimentation pour apporter notre pierre à l’édifice de l’évaluation.
Comment l’association TZCLD se prépare-t-elle à ce passage à l’échelle ?
Nous allons amplifier l’accompagnement des territoires en préparation, notamment grâce au développement de l’offre de formation TZCLD qui apporte toutes les clés pour mobiliser et développer le projet localement. Nous allons aussi poursuivre le soutien apporté aux territoires expérimentaux, pour favoriser la réussite du projet. Nous maintiendrons et développerons les outils numériques utilisés en 2020 pour faciliter la participation du plus grand nombre au projet, car c’est un excellent moyen d’appropriation de la démarche par tous les acteurs concernés et une garantie de transparence et d’horizontalité. Nous allons structurer les travaux de recherche autour de l’expérimentation, ce qui est une vraie nouveauté en 2021. Nous maintiendrons les liens avec les pays intéressés par la démarche, particulièrement avec la Belgique, car il est important de confronter nos expériences et pratiques. Nous serons également très vigilants quant aux décisions publiques sur le droit à l’emploi : nous continuons à mobiliser les élus locaux et nationaux car ce n’est pas parce que la 2e loi est votée que le travail est fini, au contraire, il commence !