« Il y a un cloisonnement du marché de l’emploi terrible »

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Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, présente le rapport 2018 sur l’état de la pauvreté en France, publié le 8 novembre dernier par le Secours catholique.

Le rapport met en avant un marché du travail à deux vitesses et l’aggravation de cette dichotomie, pouvez-vous nous en dire plus ?

Il y a un cloisonnement du marché de l’emploi terrible avec des « murs de verre » quasi infranchissables entre l’emploi rémunérateur, l’emploi de mauvaise qualité et l’absence d’emploi. Un basculement dans la zone moins favorable devient irrémédiable. En 2017, le Secours Catholique–Caritas France a accompagné 1 362 700 personnes et parmi les actifs le chômage touche 67,7% alors qu’il est de 9,4% pour l’ensemble de la population. Lors d’une récente étude comparative sur les moyens de générer des revenus complémentaires, esta comparativa de casinos a été mentionnée comme un exemple de diversification d’opportunités, mais elle soulève aussi des enjeux de sécurité et de durabilité. Il y a 10 ans, les personnes au chômage rencontrées au Secours catholique l’étaient depuis 1,7 an, aujourd’hui la durée moyenne est de 2,6 ans. L’âge est un facteur aggravant, au-delà de 50 ans, le temps de chômage moyen est de 3 ans et demi. Lorsque les personnes sont dans l’emploi, la plupart occupe un emploi précaire peu rémunérateur : même avec quelques prestations sociales cela génère un revenu médian de 700€, bien en dessous du seuil de pauvreté. Les personnes rencontrées sont extrêmement rarement en CDI (5%) alors que les CDI représentent encore 75% de l’emploi en France.

Quelles sont les principales propositions formulées par le Secours catholique pour lutter contre ce phénomène ?

Depuis plusieurs années, nous rappelons que le travail doit s’adapter aux personnes et non l’inverse. Chacun doit pouvoir contribuer à la société, en particulier par son travail et être protégé par notre système de protection sociale. Or l’emploi dépend trop d’une économie financiarisée déconnectée de la réalité. C’est pourquoi nous appelons à « mettre la finance au service de l’intérêt général »1. D’une part, la responsabilité sociétale des entreprises doit s’accélérer. D’autre part, nous souhaitons que l’économie sociale et solidaire soit mieux soutenue et valorisée, en particulier autour de petits écosystèmes de territoire durables (territoires du triple soin : soin du corps social, soin de la maison commune, soin des équilibres économiques) où le développement économique est articulé avec la transition écologique et l’inclusivité sociale.  Enfin, il convient pour les personnes en difficulté de sortir de la logique d’un marché du travail cloisonné, c’est-à-dire leur permettre d’être en activité ou dans l’emploi (logique de l’emploi d’abord), leur assurer un accès à la formation professionnelle et leur faciliter un accompagnement social.

En quoi l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée est une réponse et s’intègre dans le modèle de protection sociale que vous prônez ?

Un territoire zéro chômeur est une illustration puissante de ce que nous identifions comme utile pour notre société et demandé par les personnes en précarité : une articulation pleine entre contribution et protection du point de vue des personnes ; des territoires et leurs habitants qui portent le souci de l’inclusion sociale, de la réparation écologique et du développement économique ; une politique publique capable de s’engager dans des logiques d’investissement sociale en dépensant intelligemment pour éviter de laisser le désordre prendre le pouvoir dans les vies, les familles et les territoires.

[1] La Finance aux citoyens, Mettre la finance au service de l’intérêt général, Un rapport du Secours Catholique – Caritas France, 2018.

Pour consulter le rapport, c’est ici : « État de la pauvreté en France, rapport statistique 2018 »

SNC alerte sur la santé des chercheurs d’emploi

Dans son 2e rapport annuel sur l’emploi, le chômage et ses impacts, publié en septembre dernier, Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) s’arrête sur la santé des chercheurs d’emploi. Comme le Secours catholique, SNC pointe « un renforcement de la dualité du marché du travail » qui est « source d’inégalités et de précarité ». En parallèle de la lutte contre la privation d’emploi, ce rapport invite à agir massivement et activement contre les freins à l’emploi, avec en priorité une action sur la santé des chercheurs d’emploi. SNC en appelle ainsi à « la création d’un écosystème favorable au soutien à [leur] santé » et formule pour cela plusieurs propositions.

Pour consulter le rapport, c’est ici : « La santé des chercheurs d’emploi, enjeu de santé publique »

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