3 questions à Mathieu Siam

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Mathieu Siam est auteur-illustrateur en Nouvelle-Aquitaine. Quand il découvre qu’un projet de Territoires zéro chômeur longue durée (TZCLD) se monte près de chez lui, il y voit l’opportunité de raconter une belle histoire. Pendant un an, il va accompagner et rencontrer les acteurs et actrices du territoire de Poitiers, pour en tirer une bande dessinée pleine de vie et d’émotions, qui témoigne des effets positifs de l’expérimentation.

Comment as-tu découvert TZCLD ?

J’ai un œil sur l’expérimentation TZCLD depuis ses débuts. Le projet me plaît et mon métier c’est de raconter des histoires : quand j’ai découvert que ça allait se lancer près de chez moi, à Poitiers, je me suis dit qu’il y avait certainement un sujet.

J’ai donc contacté les personnes qui géraient le projet. C’était vraiment les balbutiements, je ne savais pas encore trop ce que j’allais faire, mais je sentais un engouement, le projet TZCLD commençait à naître sur ce  territoire. Lors d’un déjeuner, le directeur de l’EBE m’a présenté aux salarié·es, qui m’ont applaudi, ça m’a beaucoup touché. 

Pourquoi as-tu eu envie d’écrire et dessiner sur ce projet ?

Ce qui se joue dans le projet me parle. Il y a une vraie réponse aux questions que je me pose. Ce qui m’anime, et je ne l’ai pas compris tout de suite, c’est aussi de pouvoir éteindre les indignations de ma jeunesse. Sur le moment, je vois un beau sujet, je vois de belles personnes et je me dis : on y va. En commençant à les rencontrer, à l’ouverture de l’EBE, au moment de la signature des CDI… Je rencontre Fabien, un ami d’école, que je n’ai pas vu depuis deux ans. Quelque chose se passe dans ma tête, ça chemine : je ne peux pas écrire ce livre en étant purement dans l’observation, je dois l’incarner parce que la présence de Fabien me ramène à des expériences personnelles, à toutes celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de croiser un territoire zéro chômeur un jour sur leur chemin. 

Comment as-tu travaillé avec les salarié·es et acteur·ices du projet ? Comment s’est déroulée cette immersion ?

C’est un travail d’un an en immersion sur le terrain et d’un an d’écriture, même si les deux se sont un peu chevauchés. Ce n’est pas un exercice facile mais j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler le sujet. Et puis les salarié·es, les encadrant·es, le territoire, tout le monde a été top.

J’ai eu des coups de main, grâce à des personnes ressources au sein de l’association TZCLD, qui sont extrêmement importantes dans la compréhension de ce qu’est un territoire zéro chômeur. Je me suis rendu compte de l’importance du projet, son sérieux, de toute la machine qui était derrière, de l’investissement depuis des années, du projet de loi… 

J’en ai pris conscience au fur et à mesure du déroulement du récit. Mon idée première, c’était d’aller vers des gens et regarder ce qu’ils faisaient. Et puis j’ai tiré la pelote de laine et ça a déroulé, déroulé… Et ça c’était super. Tout le monde a accueilli ce projet de BD avec bienveillance, m’a accompagné. Il y a eu des moments de fatigue et de doute aussi, d’arriver à bien parler du projet, tout en faisant que ça soit agréable à lire.

Il fallait aussi clarifier, avec les salarié·es, celles et ceux qui souhaitent  apparaître dans la BD ou pas, certain·es ne voulaient pas parler de leur parcours de vie. Il y a eu un travail de réflexion, pour choisir quelle personne allait véhiculer tel message. Chacun·e a lu le scénario et a validé, ou non. Par exemple, un salarié voulait partager son histoire mais n’a pas voulu que je le dessine, certain·es ont voulu des modifications.

Plusieurs fois, je me suis retrouvé devant le fait d’être percutant tout en respectant la volonté des gens. Il y a des artifices visuels ou scénaristiques pour pallier ça.

Je suis toujours en contact avec elles et eux aujourd’hui. On a même prévu de réaliser un petit film, qui sera centré sur leur réaction à la lecture de la BD et leurs souvenirs de cette période.

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