Retour sur l'Université d'été 2022
Ce samedi 17 septembre avait lieu l’Université d’été TZCLD, à la Mairie du 17e arrondissement de Paris. Au programme de cette 5e édition, des échanges et réflexions riches, autour d’une thématique : “Les partenaires sociaux et le droit à l’emploi”.
Pour débattre autour de la question, deux tables rondes ont réuni une dizaine d’intervenant·es. Dans la salle, plus de 110 personnes ont pu assister aux échanges, tandis que près de 230 spectateurs se sont connectés au live YouTube.
Dans un souci d’accès au plus grand nombre, l’ensemble des échanges a fait l’objet d’un sous-titrage en temps réel. Dans une logique d’amélioration continue, nous travaillons en effet à organiser des événements de plus en plus inclusifs et vertueux socialement et environnementalement. Consultez notre charte d’engagement des événements.
Mot d’accueil
L’après-midi s’est ouvert avec un mot d’accueil de Geoffroy Boulard, Maire du 17e arrondissement qui accueillait l’événement. Il a rappelé que créer de l’emploi de qualité, c’est possible par la mobilisation de tous les acteurs et c’est pourquoi il souhaite que le 17e puisse mettre en œuvre “cette belle initiative qui permet à ceux qui en sont privés de retrouver un emploi de qualité.”
Anne-Claire Boux, Adjointe à la Maire de Paris en charge de la politique de la ville, a également pris la parole. “J’ai une sensibilité pour ce projet en tant qu’adjointe aux quartiers populaires, car il est adapté pour accompagner le retour à l’emploi. C’est aussi un travail de territoire, qui crée du lien social.”
Laurent Grandguillaume, Président de Territoires zéro chômeur de longue durée, a pris la suite pour remercier nos hôtes ainsi que les participant·es, car “il n’y a pas de projet TZCLD sans les partenaires sociaux, nous n’avons pas toutes les solutions seuls.”
Première table ronde : “Les partenaires sociaux et le chômage de longue durée”
Autour de la table animée par la journaliste Sophie Massieu : Michel Beaugas, Secrétaire confédéral Secteur de l’Emploi et des Retraites de FO, Patrice Bossart, membre de la direction confédérale de la CGT, membre du conseil d’administration du Fonds ETCLD, et Anne Eydoux, Maîtresse de conférences au Cnam, chercheuse au Lise et membre du CEET. Les intervenant·es ont échangé sur la définition du chômage de longue durée et sur ses chiffres réels. Ils sont revenus sur l’histoire des liens entre chômeur·ses de longue durée et partenaires sociaux et ont débattu de la représentation des premiers par les seconds. Tous ont pointé l’importance d’un accompagnement rapide des personnes dès la perte d’emploi pour éviter de tomber dans le chômage de longue durée. “Il y a un besoin d’accompagnement et ce que fait TZCLD, c’est de la dentelle, là où on est plutôt dans le prêt à porter”, a souligné Michel Beaugas (FO). La CGT et FO ont affirmé lors de cette table ronde leur soutien à l’expérimentation TZCLD.
Echange intermède
Louis Gallois, Président d’ETCLD, salue la thématique de cette Université 2022 : “Les organisations syndicales s’intéressent au chômage de longue durée mais ce n’est pas fréquent qu’elles s’expriment sur le sujet.”
Laurent Grandguillaume, Président de TZCLD, rappelle que “nous ne sommes pas un dispositif car c’est la place de la personne qui compte, centrer la personne au cœur du projet est un combat commun avec le domaine de l’insertion. Ce qui compte c’est de trouver une solution avec les personnes et pas pour elles.”
Interrogés sur les perspectives, les deux Présidents ont souligné les grands chantiers qui s’ouvrent pour le projet TZCLD.
“Le gouvernement va lancer une concertation sur le plein emploi, il y a une partie consacrée au chômage de longue durée. Nous ne pouvons pas, nous et l’ensemble de l’ESS, ne pas saisir l’occasion de montrer la place que l’ESS peut occuper, a expliqué Louis Gallois. L’ESS a des caractéristiques qui la rendent particulièrement apte à aborder le problème du chômage de longue durée. Elle n’a pas les exigences de productivité et de rentabilité des entreprises de droit commun. Elle peut s’orienter de travaux utiles de la société, elle connaît les publics éloignés de l’emploi. Enfin, elle peut recevoir de l’argent public. L’ESS est donc clé sur ces questions.”
“Nous allons travailler sur une charte des fondamentaux : exhaustivité, contrat à durée indéterminée et les autres fondamentaux du projet notamment la place des personnes au cœur des territoires, a indiqué Laurent Grandguillaume. Nous allons définir cette charte des fondamentaux avant de travailler tous ensemble dans l’élaboration de cette loi et bien évidemment on invitera les partenaires sociaux à cette réflexion s’ils le souhaitent. La 3e loi, qui ne sera pas la fin mais la poursuite d’un chemin, doit permettre d’aller encore plus loin pour les personnes qui attendent un emploi, mais aussi une sécurité finalement et on va avoir à réfléchir aux modalités pour y parvenir.”
Seconde table ronde : Les partenaires sociaux et la garantie d’emploi territorialisée
Autour de cette seconde table ronde, Jean-François Foucard, Secrétaire national Parcours professionnel, Emploi, Formation de la CFE-CGC, Marylise Léon, Secrétaire générale adjointe de la CFDT, Dominique du Paty, membre du Comité exécutif et Vice-Présidente en charge de l’inclusion à la CPME et Sophie Thiéry, Présidente de la commission Travail et emploi du Cese.
Cette seconde table ronde a permis de souligner plusieurs points pour lutter contre le chômage de longue durée : l’investissement dans la formation y compris dans l’entreprise, le développement de réseaux personnels et territoriaux et le travail utile. Pour Sophie Thiéry, “les solutions au fléau qu’est le chômage de longue durée sont toujours territoriales et dans la dentelle”. Les intervenant·es ont débattu sur la proposition d’une garantie d’emploi territorialisée, portée par TZCLD dans le cadre de la coalition pour le droit à l’emploi. Marylise Léon a rappelé que cette garantie était une proposition portée par le Pacte du pouvoir de vivre qui regroupe une soixantaine d’organisations, dont TZCLD : “l’un des objectifs aujourd’hui c’est le passage à l’action, mobiliser et travailler ensemble : on a plusieurs dizaines de groupes locaux pour passer à l’action”.
Le grand témoin
Pierre-Yves Verkindt, Professeur émérite de l’Université Paris 1 (Panthéon Sorbonne) ayant écouté avec attention les échanges tout au long de l’événement, il en a proposé une restitution en fin de journée.
Il a souligné notamment l’absence de l’expression de “démocratie sociale” : “pourtant présente de manière sous-jacente tout l’après-midi, une expression n’a jamais été utilisée, celle de démocratie sociale. Pourquoi ? Parce que depuis une vingtaine d’années l’expression a été parée de toutes les vertus. Mais le mot lui-même a perdu une bonne part de sa force. Cette force j’ai l’impression de la retrouver dans l’expérimentation TZCLD”. “Dans le projet TZCLD, on est dans ce qui faisait le sel de la démocratie sociale dans l’entre deux guerres. Il y a un rapport particulier entre la loi, l’Etat, et la production de la vie de la communauté : un droit qui s’appuie sur la vie des citoyens, leur quotidien”, a-t-il ajouté.
“C’est l’appel puissant du terrain, ce que j’ai entendu aujourd’hui : on a des idées, on n’est pas complètement sûrs de ces idées mais laissez-nous les essayer. Ça me semble être véritablement l’ADN d’une expérimentation comme TZCLD”, a poursuivi Pierre-Yves Verkindt. “Les syndicats ont plusieurs rôles au regard d’une expérimentation comme TZCLD : mettre à mal l’opposition entre travailleurs et exclus du travail, assurer une veille, remonter leur savoir d’expérience et militant et enfin être générateurs de pensée”.
Pour retrouver l’intégralité des échanges et des interventions, vous pouvez (re)voir le replay de l’événement sur notre chaîne Youtube :